Hommage aux femmes qui nous inspirent
En ce 8 mars, je prends humblement la plume pour rendre hommage à quelques-unes des femmes qui m’inspirent
En ce 8 mars, je prends humblement la plume pour rendre hommage à quelques-unes des femmes qui m’inspirent. Le hasard de la vie m’a offert l’honneur inespéré de croiser la première dans une salle d’entraînement de Villeray. Dès son arrivée, je fus envoûté par sa personnalité aussi joviale que magnétique. Par son humour sarcastique trempé d’autodérision qui la rendait encore plus sympathique.
Bien au-delà des premières impressions, je fus grandement admiratif de son parcours captivant, de ses combats multiples menés sur les fronts de l’injustice. Il nous arrive parfois par opportunisme de choisir ses luttes, de crier dans le sens du vent pour pouvoir ensuite nous placer du côté de la victoire. Mais le vrai courage se manifeste quand la tempête s’abat sur soi et que de son côté, « le champ de bataille est déserté, boueux et froid ».
Dans une affaire qui porte désormais son nom, une jeune chercheuse se retrouva seule, au cours des premiers miles, à tenir tête à une multinationale voulant saisir la justice pour faire étouffer l’éthique. Cette corporation était loin de se douter qu’elle trouverait sur son chemin une adversaire aux ressources limitées, mais les poches pleines de courage.
Par sa sincérité, sa témérité et son caractère obstiné, la brave chercheuse réussira, au fil du combat, à mobiliser à sa cause des alliés influents pour défendre l’intérêt supérieur de la recherche scientifique. Je conseille la lecture de cette histoire à tous celles et ceux voulant poursuivre une carrière académique.
Cette aventure semble avoir éveillé en elle le goût de lutter contre l’injustice. Que ce soit pour initier une action citoyenne voulant réparer un préjudice ou pour dénoncer les traditions d’un corporatisme archaïque. Elle n’hésite pas à effectuer les premiers pas, à dénoncer, quitte à prendre sur elle les conséquences de sa parole. Pour que d’autres souffrent moins en silence.
Je laisserai à d’autres plus futées le soin de lui accoler des surnoms. Pour ma part, je suivrai au loin les batailles de cette Jeanne d’Arc de temps en temps. Je n’en ferai pas plus, on se connaît pas tant.
***
J’avoue connaître encore moins ma deuxième inspiration, n’ayant jamais eu l’occasion de la croiser, sauf peut-être sans le savoir dans les couloirs du Pavillon Jean-Brillant, alors qu’on étudiait dans le même département.
Je me souviens toutefois d’une jeune militante s’illustrant par ses billets sur la souveraineté et les politiques publiques. De ses écrits maniant aussi bien l’émotion que les données économiques. D’une plume de 21 ans qui attirait déjà les regards avec ses chroniques dans un défunt média numérique.
Quiconque ayant eu la chance de la lire lui aurait prédit un destin politique. Et c’est ainsi qu’elle gravit rapidement les échelons, commençant derrière les bancs pour enfin devenir notre plus jeune élue à 24 ans. Son ascension n’est pas étrangère à son écoute et son approche consensuelle, qui la placent aujourd’hui parmi les personnalités les plus appréciées du public et de tous les horizons de l’échiquier politique.
Je n’ai jamais voté pour elle. Je peux compter sur mes doigts le nombre de fois où je me suis aventuré dans ses contrées. Nos divergences de vision sur l’avenir de la nation m’auraient d’ordinaire rangé dans le camp des opposants. Mais je dois souligner l’estime que j’ai pour son audace d’innover, de porter des actions fondées sur les faits et la recherche empirique, à l’ère où rien ne semble pouvoir changer. Où trop souvent, nous nous résignons collectivement à faire de l’indignation notre métier.
J’admire encore plus la bravoure et la dignité qu’elle a montrées durant ses combats personnels. Son refus catégorique de traîner ses adversaires politiques dans la boue. Car au lendemain de la guerre partisane, il faut (p)réparer la paix sociale. Comprendre que les victimes collatérales sacrifiées sur l’autel des urnes continueront de vivre avec leurs cicatrices une fois les pancartes rangées.
En espérant que dans un avenir pas trop lointain, cette voix porteuse d’espoir, aiguisée par l’expérience et le temps, reviendra par la grande porte à l’Assemblée de notre nation. C’est ce que je nous souhaite.
***
En 2018, sur une glace olympique au sud de la péninsule coréenne, une Québécoise s’élançait pour parcourir sa première finale. Une course effrénée à l’issue de laquelle elle remporta le bronze, suivant une disqualification de l’athlète locale. Des moments de réjouissance qui furent lourdement gâchés lorsque des milliers d’individus mal intentionnés brandirent leurs claviers pour intimider la jeune médaillée.
Les jours suivants, celle qui devait célébrer son succès devint victime malgré elle de l’attention médiatique. Après une première remise des médailles éprouvante, les yeux du monde s’apprêtaient à regarder ce qu’elle ferait aux prochaines épreuves. Serait-elle dérangée dans ses performances ? Submergée par la peur ou la colère ? Le sentiment de vengeance ? Qui aurait pu la blâmer ?
Mais juste avant la course, à une foule potentiellement hostile, elle présenta des signes de cœur avec ses doigts, affichant son sourire habituel rayonnant de bonté. En l’espace d’un instant, elle avait conquis la haine par l’amour, gagnant le respect et l’admiration en retour. Pour ensuite voler sur la glace et terminer parmi les trois premières, en compagnie de l’athlète coréenne avec qui la polémique avait débuté.
À la cérémonie des médailles, durant la séance de photos protocolaires, la jeune adulte d’à peine 23 ans prit l’initiative de dénouer toute hostilité dans l’unité et l’esprit olympique. Côte à côte devant les caméras du monde, la Québécoise et la Coréenne entrelacèrent leurs doigts pour former un cœur de fraternité. Un cliché léguant à la postérité un puissant message d’amour et de paix, maintenant immortalisé à jamais dans les pages de l’histoire.
Suivant tous ces rebondissements à l’écran dans mon confort montréalais, je n’ai pu qu’être grandement ému, envahi par un sentiment de fierté. Jamais je ne m’étais senti aussi Québécois que ce jour-là. Ce que j’avais vu représentait le meilleur de nous-mêmes, mais aussi ce que nous pouvons être.
Les années s’enchaînent, les cycles olympiques se succèdent. Les villes, les victoires, les échecs, je n’en garde que peu en mémoire. Mais je retiendrai cette leçon d’humanisme jusqu’à mes vieux jours. Je lui en remercie pour cela.